Le chanvre continue sa progression

Source : Le Moniteur 
La construction avec le matériau chanvre est passée en moins de 10 ans du stade expérimental au développement d'une filière. Après des tâtonnements et parfois des errements, on peut considérer aujourd'hui qu'elle est (presque) arrivée à maturité.

Encore à la marge il y a peu, la construction avec le matériau chanvre est aujourd'hui en plein développement. Dans ce secteur, la demande ne cesse de croître. Il est difficile de donner des chiffres, aucune statistique fiable n'existant pour le moment. Mais tous les acteurs s'accordent pour dire qu'il y a croissance et que celle-ci est à deux chiffres. Il n'y a aucune raison que cette embellie s'arrête là, tant les maîtres d'ouvrage, particuliers mais aussi institutionnels s'intéressent à ces procédés. Intérêt pour la réhabilitation bien sûr, qui reste aujourd'hui le marché de prédilection du chanvre pour les dalles isolantes, les enduits et la restauration des maisons à colombage. Intérêt croissant aussi pour le neuf, avec le développement de produits tels que les laines de chanvre, les blocs construction de chanvre, jusqu'à des expérimentations en préfabrication de murs panneaux sans parler des machines à projeter pour la constitution de murs banchés qui se modernise.

Un produit, une filière

Aujourd'hui, la filière a su démontrer qu'elle était apte à répondre à toutes les exigences en matière d'habitat sain et d'efficacité énergétique, elle a aussi prouvé qu'elle était capable d'apporter aux maîtres d'ouvrage, maîtres d'œuvre et entreprises, toutes les garanties sur ces produits et leurs modes de mise en œuvre. En moins de dix ans, une filière est née, avec une distribution organisée, des règles professionnelles et des produits certifiés (1). Les laines de chanvre, par exemple, ont fait l'objet d'un avis technique européen. Elles offrent des performances plus ou moins similaires aux laines minérales. Les mortiers et bétons de chanvre sont aussi très encadrés. Ils peuvent avoir des consistances très différentes selon les propriétés que l'on souhaite leur donner et les applications. Mais que ce soit en dallage isolant, en remplissage de murs, en enduit isolant ou en isolation de toiture, tous bénéficient d'une bonne élasticité à la mise en œuvre, tout en cumulant des propriétés d'isolants acoustique et thermique, de perméabilité, d'hygrométrie...

Données environnementales

Autre gage de sérieux, le matériau chanvre est étudié sous toutes ses coutures. Après l'analyse de son cycle de vie réalisée par le ministère de l'Agriculture et de la Pêche, il est ausculté de près par le Cstb dans le cadre du projet « Analyse des caractéristiques des systèmes constructifs non industrialisés ». Centré sur trois systèmes - terre crue, pierre sèche et chanvre -, il vise un triple objectif : fournir des règles de bonnes pratiques et méthodes, produire des données environnementales pour constituer des fiches de déclaration environnementale (FDES) consultables sur la base Inies du Cstb. Il s'agit là de concilier l'évaluation de la qualité de l'ouvrage réalisé et la qualité de la mise en œuvre. Une démarche appréciée par les professionnels et par leurs assureurs qui ont horreur du vide dans ce domaine. 

(1) Notons certaines initiatives comme en Moselle, l'industrialisation de la filière avec le projet d'usine porté par l'association Chanvriers de l'est à Creutzwald.

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